Chapitre 3

− Et voilà pour vous ! dit Eugénie, en tendant à sa dernière cliente le sac rempli du bel assortiment de légumes frais qu’elle venait de régler.

Elle salua la vieille dame qui s’empressa de regagner sa voiture sous la pluie fine, et se mit aussitôt à ranger la boutique.

− Il faut vite que j’aille voir si elle s’est réveillée ! Et si elle est partie ?… Et si elle est encore là ?… Qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire ?

Elle rassembla dans le fond de la pièce les cageots de légumes qui n’avaient pas trouvé preneur et entreprit de compter la recette du jour. Elle était si concentrée sur ses calculs qu’elle n’entendit pas la porte s’ouvrir et sursauta violemment lorsqu’un raclement de gorge puissant vint rompre le silence.

− Oscar ! Mais t’es dingue de faire des trucs pareils ! J’ai failli avoir un infarctus ! s’écria-t-elle en apercevant le jeune garçon à l’air goguenard qui se tenait devant elle, très fier de sa plaisanterie.

− Merci pour l’accueil ! Tu parles d’une commerçante joviale ! dit-il d’un air taquin.

− Désolée, mais tu m’as fichu une de ces frousses !… J’imagine que tu ne viens pas pour m’acheter des carottes ?

− Et non ! Je viens passer la nuit chez toi ! Mon père est au taf jusqu’à demain et ma grand-mère part en week-end avec ses copines ! Attention, ce soir, ça va être la fête du bigoudi ! Tisane à volonté !

Il replaça d’un mouvement de tête la longue mèche de cheveux blonds qui lui tombait sur les yeux et sourit. A quatorze ans passés, Oscar Lencot avait conservé un visage poupin qui contrastait singulièrement avec sa silhouette longiligne et sa posture nonchalante. Il se donnait du mal pour arborer un air cool et indifférent, mais la mélancolie qui voilait souvent son regard bleu azur laissait entrevoir les fêlures qu’il portait déjà en lui, malgré son jeune âge.

Ses parents, Martin et Ophélie Lencot, étaient des amis d’enfance des parents d’Eugénie. Inséparables depuis leur plus jeune âge, ils formaient un quatuor bien connu dans les environs et tout le monde avait été ravi de célébrer leurs unions respectives et la naissance de leurs enfants : Oscar, d’abord, chez les Lencot, puis, deux ans plus tard, Eugénie chez les Merlat.

Tous les quatre étaient viscéralement attachés au village de leur enfance et ils partageaient les mêmes convictions quant à la nécessité de préserver l’environnement. Tandis que Simon et Clémence avaient repris l’exploitation familiale pour en faire un modèle dans le domaine de l’agriculture biologique, Martin et Ophélie avaient été embauchés par un quotidien régional en tant que journalistes spécialisés dans les questions environnementales. Sillonnant la région, ils travaillaient de concert pour étudier l’impact des industries locales sur l’environnement et débusquer d’éventuelles pratiques douteuses.

C’est au cours de l’un de ces reportages qu’Ophélie avait été renversée par la voiture d’un chef d’entreprise, qui tentait de prendre la fuite après la découverte de ses agissements frauduleux. Elle avait été tuée sur le coup. Oscar avait sept ans.

Sa vie, tout son petit monde avait été irrémédiablement bouleversé. D’abord, il y avait eu l’incompréhension, puis le chagrin, si intense qu’il lui sembla tomber dans un gouffre sans fond. A sept ans, comment peut-on imaginer qu’on ne reverra plus jamais sa maman, l’un des êtres que l’on aime le plus au monde ?

D’abord, il avait pensé que ce n’était pas possible, qu’une maman ne peut pas mourir, qu’elle finirait par revenir… Et puis, peu à peu, il avait compris qu’il ne sentirait plus jamais l’odeur de sa peau sucrée qui lui chatouillait les narines lorsqu’elle le prenait dans ses bras. Plus jamais il ne verrait ses yeux rieurs l’observer pendant qu’il dessinait ou qu’il jouait au foot. C’était comme si une chape de plomb s’était abattue au-dessus de sa tête, le privant d’un coup des rayons du soleil, de la beauté d’un ciel d’été et du chant harmonieux des oiseaux.

Son papa non plus, tout à coup, n’était plus vraiment là. Dévoré par le chagrin, Martin avait remué ciel et terre pour que l’assassin de sa femme soit emprisonné. Jusqu’au procès, qui avait eu lieu de nombreux mois plus tard, il avait poursuivi ses investigations avec acharnement, dans le but de trouver d’autres éléments qui permettraient de mettre le coupable hors d’état de nuire jusqu’à la fin de ses jours.

Tout d’abord, Oscar avait été accueilli chez les Merlat. Simon et Clémence avaient bravé leur propre douleur pour tisser autour de lui un nuage de douceur et de réconfort, pour tenter d’apaiser sa peine. Et Eugénie était là, elle aussi. Du haut de ses cinq ans, elle ne comprenait pas tout à fait pourquoi Oscar était si triste. Mais elle était là. Pour lui. Elle respectait son silence et restait à ses côtés. De temps en temps, elle lui proposait un carré de chocolat qu’ils dégustaient ensemble, sans un mot, et les arômes sucrés et bienfaisants chassaient le chagrin, juste pour un instant. Le jour de l’enterrement, alors qu’il se tenait debout, tête baissée devant le cercueil de sa maman, il avait senti une petite main lui prendre la sienne. Il s’était laissé faire, sans lever les yeux, et la chaleur de cette petite main lui était allée droit au cœur. Il avait su ce jour-là qu’il pourrait compter sur elle quoiqu’il arrive et, pour la première fois depuis le drame, il s’était senti quelque peu réconforté.

Après quelques semaines, Oscar avait pu rentrer chez lui. Sa mamie Suzanne, la mère de son père, qui vivait près de Marseille depuis son départ en retraite, avait décidé de venir vivre avec eux pour quelques temps. Elle avait pris ses quartiers dans la chambre d’amis et se consacrait pleinement à Oscar, son unique petit-fils, la prunelle de ses yeux. Pour noyer son chagrin, Martin s’était réfugié dans son travail et ne rentrait que peu à la maison, dont chaque recoin lui renvoyait au visage les souvenirs d’une vie à jamais terminée.

Alors, enveloppé dans la tendresse capitonnée de sa grand-mère et soutenu avec bienveillance par les Merlat, Oscar avait grandi, malgré l’absence. Peu à peu, les rayons du soleil étaient parvenus à traverser la chape de plomb, un peu faibles d’abord, puis de plus en plus puissants. Comme souvent, le temps avait fait son œuvre et la douleur s’était estompée, laissant place à cette mélancolie que l’on pouvait parfois deviner furtivement dans son regard.

Mamie Suzanne était finalement restée et la chambre d’amis avait été redécorée d’un papier peint fleuri tout à fait à son goût. Parsemant sa fantaisie bien au-delà des murs de la maison, elle était parvenue à faire revenir la joie chez les Lencot et faisait de son mieux pour pallier les absences de Martin.

Ce dernier, fidèle à sa mission de traquer les industriels peu soucieux des bonnes pratiques environnementales, consacrait la majorité de son temps à ses enquêtes et reportages, au détriment de son fils, avec qui ses relations étaient tendues. Mamie Suzanne devait bien souvent user de toute sa diplomatie pour tempérer les joutes verbales qui opposaient régulièrement le père et le fils, pour qui communiquer relevait de la haute voltige. Maintenant adolescent, Oscar ne supportait plus ce qu’il considérait comme un manque d’intérêt de la part de son père et retenait avec peine ses remarques acerbes. Il n’était donc pas rare qu’il quitte brusquement la maison et, chevauchant son vélo, se réfugie chez les Merlat, où la porte lui était toujours grande ouverte. Il savait qu’Eugénie le comprendrait à demi-mot, l’écoutant s’il avait besoin de s’épancher ou respectant son silence s’il préférait se taire. Il savait aussi que Clémence et Simon rassureraient son père et sa grand-mère, en les prévenant de son arrivée chez eux.

− T’en as une tête ! dit Oscar en observant de plus près son amie. Tu te sens bien ?

− Oui, oui, ça va, répondit rapidement Eugénie. J’ai dû prendre un coup de froid sous l’averse, tout à l’heure, ajouta-t-elle en rassemblant les quelques pièces qui étaient encore étalées sur la table.

− Je croyais que tu n’avais pas cours le vendredi après-midi ? Qu’est-ce que tu faisais dehors ?

− Je voulais prendre quelques photos, mais finalement, le temps a tourné à l’orage. Je me suis retrouvée trempée comme une soupe.

− Faut dire que t’as de ces idées ! Y’a vraiment que toi pour avoir envie de faire des photos sous la pluie ! dit Oscar, l’air moqueur.

− Oui, oh ça va, hein ! Tu ne vas pas me servir le même couplet qu’Huguette ! rétorqua Eugénie, agacée, en refermant brusquement le couvercle de la caisse en métal qui contenait la recette du jour.

− Bah, t’énerves pas ! J’disais ça pour plaisanter ! T’as vraiment pas l’air dans ton assiette ! T’es sûre que ça va ? demanda Oscar, soudain inquiet.

− Mais oui, j’te dis ! C’est juste que…. Je suis fatiguée…

Elle enfila son blouson, tandis qu’Oscar l’observait d’un œil suspicieux.

− Allez, j’te connais trop pour te croire ! Dis-moi ce qui ne va pas ! insista-t-il.

− Mais je te dis que tout va bien ! s’énerva Eugénie.

− Arrête un peu ! T’as un souci, ça se voit comme le nez au milieu de la figure ! C’est ce gros naze de Thibaut qui t’a encore embêtée ce matin ?

Devant l’air sincèrement préoccupé de son ami, Eugénie sentit son énervement s’évaporer. Elle prit une profonde inspiration.

− Il m’est arrivé un truc bizarre dans la forêt, tout à l’heure…

− Un truc bizarre ?!… Bizarre comment ?! Bizarre comme « faut appeler les flics tout de suite parce qu’il y a un mec louche qui rôde dans les parages ? » ?!

Eugénie ne put s’empêcher de sourire devant la mine contrariée d’Oscar.

− Mais non ! Pas du tout ! Un truc bizarre comme… « et si je tombais nez à nez avec une espèce de fée, qu’est-ce que je ferais ? »

− Tu rigoles ?

− J’ai l’air de rigoler ?

Tous deux se regardèrent longuement sans dire un mot, Oscar ne sachant que penser de ce que venait de lui dire son amie et Eugénie se demandant comment lui expliquer ce qu’elle avait vécu.

− Suis-moi ! dit-elle enfin, en prenant Oscar par la main.

Tous deux quittèrent la boutique et regagnèrent la maison au pas de course, sous le crachin qui continuait à tomber.

Ils pénétrèrent dans le vestibule désert et, tandis qu’ils se débarrassaient de leurs blousons trempés, Eugénie cria :

− Huguette ? J’suis rentrée ! Oscar est avec moi, on monte travailler nos cours !

Le visage tout en rondeur de la quinquagénaire apparut dans l’entrebâillement de la porte de la cuisine, d’où émanait une délicieuse odeur de poulet au curry.

− Bonsoir, Oscar ! dit-elle en souriant. Le dîner sera prêt dans une demi-heure. Je vous appellerai ! Tes parents ne dîneront pas avec nous, Eugénie. Ils ont une réunion à la mairie, ce soir.

− OK ! A tout à l’heure ! lança la jeune fille, avant de disparaître en haut de l’escalier, suivie de près par Oscar.

Eugénie précéda son ami dans sa chambre et referma la porte derrière lui.

− Tu m’inquiètes avec tes histoires de fée… commença le jeune garçon.

− Viens voir ! l’interrompit Eugénie, en l’entraînant vers sa salle de bain.

Elle ouvrit la porte de la petite pièce et y entra, sans allumer la lumière. Faisant signe à Oscar de la suivre et de rester silencieux, elle avança jusqu’au vivarium et se pencha pour regarder à travers la vitre. Au milieu des branchages, parmi les quelques phasmes qu’elle élevait depuis plusieurs mois, se trouvait la boule de coton où reposait la petite créature, toujours inconsciente. Oscar se baissa à son tour, les yeux plissés pour mieux voir dans l’obscurité. D’abord, il ne vit rien que les étranges insectes, qui ressemblaient à s’y méprendre à des morceaux de bois. Puis, son regard se posa sur le petit corps délicatement bleuté qui dormait paisiblement sur la ouate moelleuse. Ebahi, il observa le doux visage paisible, la chevelure vert foncé que l’on aurait pu prendre pour des algues, les vêtements faits de feuillages, les mains et les pieds palmés. Il se tourna vers Eugénie, qui le regardait en souriant.

− Alors ? Pas de quoi appeler la police, hein ? dit-elle, pour le taquiner.

Elle fanfaronnait à présent mais, quelques secondes plus tôt, elle avait craint de ne pas retrouver la créature sur son lit de coton. Il lui aurait alors été bien difficile d’expliquer à Oscar qu’elle n’avait pas rêvé. C’est donc tout à fait soulagée qu’elle contemplait l’air stupéfait de son ami.

− Pu… rée !!!! C’est quoi, ce truc ???

− Aucune idée ! Elle m’est tombée dessus avec la pluie. Je l’ai récupérée de justesse avant qu’elle ne tombe dans un buisson et je l’ai ramenée à la maison.

− Mais, t’es dingue ! Tu te rends compte que tu ramènes chez toi une espèce de machin bleu sans savoir ce que c’est ! Imagine que ce soit une créature maléfique ? Si ça se trouve, elle va nous déclencher une apocalypse, ta fée des bois, quand elle va se réveiller !!!

− Arrête un peu ! Elle n’a pas du tout l’air maléfique, enfin !

− J’te signale qu’Hitler n’avait pas forcément l’air maléfique non plus, à la base !… T’as aucune idée de ce qu’elle peut faire ! D’ailleurs, je dis « elle », mais on ne sait même pas si c’est « une fille », puisqu’on ne sait pas ce que c’est !!! s’écria Oscar, la note aigüe dans sa voix trahissant la panique qui commençait à l’envahir.

− Elle n’est pas maléfique, je le sais, c’est tout ! Quand je l’ai touchée…

− Ah bah, c’est de mieux en mieux !!! Tu l’as touchée, en plus !!!

La voix d’Huguette leur parvint soudain depuis le rez-de-chaussée.

− Ça va, là-haut ? Je vous entends crier, c’est normal ?

− Oui, oui !… cria Eugénie. On travaille sur une pièce de théâtre… C’est pour ça !

− Ah bon ! Et ben, y’a de l’ambiance, dans votre pièce ! Bon, vous descendrez d’ici dix minutes, ce sera prêt !

− OK ! répondirent-ils en chœur.

− Mais qu’est-ce qui t’est passé par la tête de la toucher ? reprit Oscar, en prenant garde à ne pas hausser le ton.

− Je ne l’ai pas fait exprès, évidemment ! répondit Eugénie, en levant les yeux au ciel. C’est en voulant la rattraper que je l’ai prise dans ma main. Et là, ça m’a fait tout bizarre…

− Ben, tu m’étonnes ! ironisa Oscar.

− Non mais, ça m’a fait une drôle de sensation… Comme si je la connaissais… Car oui, c’est une fille et ne me demande pas comment je le sais ! Je le sais, c’est tout !… C’était comme si nous étions reliées…

− Comment ça, « reliées » ?

− C’est difficile à expliquer… C’était comme si je voyais la forêt à travers ses yeux à elle, comme si… J’sais pas… Mais je n’ai jamais rien ressenti de pareil ! Elle s’interrompit et réfléchit un instant. En tous cas, tout ce que je peux te dire, c’est qu’elle n’est pas maléfique. Elle est comme connectée à la nature, aux arbres, à la terre, aux animaux…. C’est vraiment un truc de dingue !

− Ça, c’est clair ! T’en as parlé à tes parents ?

− Tu rigoles ?! Surtout pas ! Et toi non plus, tu ne dois rien dire ! Promets-moi que tu ne diras rien ! s’écria Eugénie, inquiète.

− Pfff… A qui veux-tu que je le dise, de toute façon ?… la rassura Oscar. Mais, qu’est-ce que tu comptes faire ?

− J’en sais rien du tout…

− Bon…, Oscar réfléchit une seconde, les sourcils froncés et reprit : Il faudrait déjà savoir à quoi on a affaire… On peut toujours jeter un coup d’œil sur internet et voir ce que ça donne… Et en attendant, plus question que tu la touches ! Il va falloir faire attention à ce qu’on fait !

− Merci, dit doucement Eugénie. Oscar lui répondit par un sourire.

− Allez ! On va descendre manger avant qu’Huguette ne monte nous chercher ! dit-il avec un clin d’œil.

Après dîner, Eugénie et Oscar demandèrent à Huguette l’autorisation d’utiliser l’ordinateur de Simon pour faire quelques recherches sur internet, pour un prétendu exposé sur la science-fiction. Aussi, lorsque les parents d’Eugénie rentrèrent de leur réunion, ils trouvèrent les deux adolescents absorbés dans la lecture d’articles relatant la présence d’êtres surnaturels dans les campagnes environnantes.

− Vous êtes encore debout ! dit Clémence Merlat, en les embrassant. Il est déjà 22h30 ! Il est temps d’aller vous coucher !

− Vous finirez ça demain ! renchérit Simon. Allez ! Au lit !

Eugénie et Oscar éteignirent l’ordinateur à contrecœur et souhaitèrent une bonne nuit aux parents d’Eugénie, avant de regagner l’étage.

− Bon, ben on n’a pas trouvé grand-chose… J’espère qu’on aura plus de chance demain… Ca fout un peu la frousse, toutes ces histoires… dit Oscar à voix basse. Allez, faut essayer de dormir, maintenant !

− Tu crois qu’elle peut se réveiller cette nuit ? s’inquiéta Eugénie.

− Ça m’étonnerait. Et puis, s’il y a un problème, tu viens me chercher ! Je suis juste en face.

Eugénie hocha la tête d’un air entendu et entra dans sa chambre, tandis qu’Oscar se dirigeait de l’autre côté du palier, vers la chambre d’ami qui lui était presque exclusivement réservée.

Malgré la fatigue, Eugénie eut beaucoup de mal à trouver le sommeil. Elle resta de longues minutes étendue dans son lit, bien réveillée, ressassant les questions qui la taraudaient depuis son étrange découverte. Quand enfin elle s’endormit, ce fut pour plonger dans un sommeil lourd et agité, peuplé de rêves étranges et inquiétants. Elle se réveilla brusquement quelques heures plus tard, transpirante et le cœur battant la chamade. Sa chambre baignait dans une étrange lumière bleue qui provenait de sous la porte de la salle de bains.

Chapitre 4

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